Libérer le numérique pour libérer les peuples : car là où l’opportunité est absente, la frustration pousse et là où l’on donne les moyens, la dignité renaît.

Je crois profondément que chaque être humain porte en lui une étincelle de grandeur, et qu’il suffit parfois d’un outil, d’une opportunité ou d’un regard bienveillant pour qu’elle s’allume. Le logiciel libre est l’un de ces outils : libre de droits, ouvert à toutes et à tous, il est plus qu’une technologie, il est une philosophie. Une manière de dire à chaque jeune africain : « Tu as le droit de rêver, de créer, de bâtir ton propre avenir. Et tu n’as pas besoin de permission pour cela ».

Car là où l’opportunité est absente, la frustration pousse. Et là où l’on donne les moyens, la dignité renaît.

Le logiciel libre permet de transformer des idées en projets, des rêves en entreprises et des problèmes en solutions tangibles et éprouvées par une implication collective et une attention partagée. Grâce à lui, nos jeunes peuvent prototyper des solutions, résoudre des problèmes de leur communauté, et, surtout, créer leur propre emploi. Ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Car là où l’opportunité est absente, la frustration pousse. Et là où l’on donne les moyens, la dignité renaît.

Déjà, dans toutes les régions de notre continent, ces outils façonnent silencieusement notre quotidien : dans la cartographie participative de nos territoires, dans les services mobiles qui rapprochent les plus isolés, dans les SMS qui valide des transactions financières et irriguent les terres à distance, dans les plateformes participative où les citoyens s’expriment, dans les hôpitaux connectés, les écoles en ligne, les carnets de vaccination intelligents, et accessibles à tous. C’est là la preuve que le progrès, lorsqu’il est partagé, devient un acte de justice sociale. Mais ce progrès ne doit pas rester l’apanage de quelques-uns. Il doit être le socle d’un nouveau pacte social en Afrique : un pacte basé sur l’inclusion numérique. Nous devons rompre avec les modèles hérités qui isolent, qui consument, qui gaspillent. Et embrasser une voie nouvelle : sobre, résiliente, adaptée à nos réalités.

Une école sans murs, où chacun est tour à tour élève et enseignant.

Le logiciel libre, c’est aussi une autre manière d’apprendre. Une école sans murs, où chacun est tour à tour élève et enseignant. Ces formations dites « horizontales » ne transmettent pas seulement du savoir ; elles éveillent la solidarité, la curiosité, le sens du collectif. Dans ces cercles d’apprentissage, les jeunes ne se contentent pas de recevoir : ils donnent. Ils s’élèvent, ensemble. Et c’est là que naît la vraie force d’une communauté.

Nos capitales, nos villages, nos campagnes, tous réclament un souffle nouveau. Ils nous appellent à imaginer des systèmes plus justes, plus sobres, plus humains. Et à ne pas reproduire les erreurs d’un modèle industriel souvent aveugle à la dignité humaine.

Nous avons tout pour réussir. Il nous faut seulement croire en nous-mêmes, comme d’autres ont cru en nous. Et offrir à chaque jeune africain la chance non pas de suivre, mais de tracer sa propre voie.

Florent Youzan

De l’impulsion aveugle à la maîtrise éclairée : repenser notre rapport à l’acquisition technologique

jeudi, février 20 2025, 08:13 / aucun commentaire

Nous vivons une époque où la frénésie de consommation technologique est devenue une norme insidieuse. Chaque jour, un flot ininterrompu de publicités, d’annonces tapageuses et d’injonctions sociales nous pousse à désirer le dernier smartphone, l’ultime logiciel ou le gadget censé révolutionner notre quotidien. Nous succombons trop souvent à cette impulsion d’achat, mus par la peur de rater une innovation, enchaînés à la spirale de l’obsolescence programmée.

Et pourtant, derrière ces vitrines éclatantes, se cache une réalité plus amère : notre rapport à la technologie est désormais dominé par l’immédiateté, au détriment de la compréhension. Nous avons peu à peu délégué notre réflexion à des algorithmes marketing, oubliant que l’outil ne fait pas la réussite, mais que c’est la manière dont nous le comprenons et l’exploitons qui forge la véritable valeur.

Les entreprises, elles aussi, se retrouvent prises au piège de cette course effrénée. Les solutions innovantes pullulent, les tendances se renouvellent à un rythme vertigineux. Mais combien de ces entreprises mesurent-elles réellement la portée des outils qu’elles intègrent ? Trop souvent, l’achat d’une technologie devient un symbole de modernité, une vitrine illusoire de compétitivité. Pourtant, derrière ces vitrines, les réalités opérationnelles se heurtent à l’absence d’appropriation, de formation, d’alignement avec les besoins réels.

La véritable puissance d’une technologie ne réside pas dans son acquisition, mais dans la manière dont elle est mise au service d’une vision, d’une stratégie, d’une ambition.

Cette fuite en avant mène certaines entreprises sur le chemin de la survie technologique, alors que quelques grandes firmes, mieux armées, transforment ces outils en leviers stratégiques. La fracture se creuse : d’un côté, des acteurs qui maîtrisent, innovent et dictent le tempo ; de l’autre, ceux qui subissent, courent après l’innovation sans jamais l’embrasser pleinement.

Il est temps de reprendre le contrôle. Délaisser l’acte d’achat impulsif pour réhabiliter la curiosité, l’étude, la compréhension approfondie. Réapprendre à poser des questions essentielles : À quoi sert réellement cette technologie ? Quels problèmes résout-elle pour mon organisation ? Sommes-nous prêts à l’adopter pleinement, en accompagnant nos équipes ?

Passer de la possession à la maîtrise. Substituer à la frénésie d’achat le plaisir de comprendre. Car la véritable puissance d’une technologie ne réside pas dans son acquisition, mais dans la manière dont elle est mise au service d’une vision, d’une stratégie, d’une ambition.

Rendons à la technologie son rôle premier : celui d’un outil à notre service, et non d’une fin en soi.

Florent Youzan

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